Les salades de mon grand-père
Voilà 3 ans qu’a été publié mon premier livre jeunesse illustré « Les salades de mon grand-père ».
Un petit retour sur un heureux hasard.
Silence, ça pousse
En 2016, poussée par une envie de retour vers l’illustration, je me suis inscrite à la formation « Suivi de projet jeunesse » dispensée par l’école CESAN à Paris. Une formation faite pour découvrir le travail sur un livre illustré, pour voir si j’y trouvais ma place. Je pensais pouvoir m’exercer avec un texte déjà existant, un conte peut-être. Seulement le but de la formation était : création et mise en forme d’un projet jeunesse sur une idée originale. Rien que ça et je ne m’y attendais pas !
Dès le départ, l’élaboration d’une histoire m’a posé problème. Je restais coincée entre, d’un côté, un mur d’interrogations inutiles, de l’autre un vide d’où aucune histoire ne pouvait surgir. Car j’avais l’impression de n’avoir rien d’intéressant à raconter. Sans parler d’écriture, bête noire jamais apprivoisée depuis mes années école ! Bref, j’ai réussi à enlever toute notion de plaisir d’un exercice qui pourtant le demandait. Comme si pour élaborer un écrit seul le sérieux pouvait être convié.
Durant la formation, j’ai pris conscience de l’importance de groupe. Et j’ai eu le droit à un groupe merveilleux ! Les découvertes d’une multitude d’auteurs très divers et de leur manières de faire ont participé à la démystification de certains aspects. La bienveillance et les échanges ont réussi à dissoudre un peu ma rigidité et à me faire gagner un peu de distance et de légèreté dans le projet.
Sous l’impulsion du groupe, j’ai commencé à travailler à partir d’un vieux croquis sur ce qui allait devenir plus tard « Marcel, super chat ». Mais c’est le jour où je me suis enfin permise à 100% de jouer avec le processus de création que « les salades de mon grand-père » ont poussées dans mon carnet. J’étais réellement surprise d’arriver à ce récit joyeux et léger vu mon état d’esprit de départ !
Salades composées
Quelques temps après la formation, j’ai été contactée par l’éditrice de chez Le diplodocus. Elle avait aimé mes illustrations dans la galerie Cubik à Montpellier. Je lui envoyais le chemin de fer terminé et elle a aimé mes salades ! C’est ainsi que notre collaboration a commencé.
Le récit même n’a subit aucun changement hormis deux ajustements suggérés par l’éditrice Floriane Charron qui ont permis une lecture plus universelle. Ainsi, j’ai à nouveau pu mesurer l’importance des échanges avec quelqu’un qui comprend le projet et oeuvre dans son sens.
La réalisation des pages m’a pris un peu de temps.
Après quelques recherches, j’ai fait un détour par la case « vouloir trop bien faire » rattrapé heureusement par Floriane. En fin de compte, les illustrations du livre sont un assemblage ordinateur de taches diverses et de personnages au trait noir. Ainsi, pour faire mes salades j’avais besoin de : quelques gouttes d’encres colorées, 2-3 traits de feutre et crayons de couleur, traces de tampons, dessins à l’encre de Chine. Le livre étant pensé comme un carnet intime, l’écriture manuscrite me semblait plus adéquate qu’une typographie numérique
Après la remise des fichiers, j’ai eu la chance d’être présente pour les tirages des BAT chez l’imprimeur. J’étais ravie de pouvoir suivre la fabrication de mon livre jusqu’au bout, émerveillée par les immenses pages imprimées de mes petits dessins. En même temps, à la découverte du livre imprimé j’ai eu un curieux sentiment de détachement. Comme si, pour moi, l’essentiel était le carnet de départ, enfermant son histoire.
Salades de fruits et autres douceurs
Après la sortie du livre, j’ai reçu une invitation surprenante. La médiathèque de Samatan, la commune gersoise où j’habite, m’a proposé d’organiser une exposition autour de l’album.
C’était très excitant de planifier l’habillage d’un espace, ça m’a beaucoup plu. La médiathèque est installée dans une ancienne halle aux grain et dispose d’un bel espace d’exposition aux murs de briques. Depuis le début, j’ai souhaité raconter l’histoire de mon livre, depuis la conception jusqu’à l’impression. L’exposition se compose des croquis et recherches originales, chemin de fer, reproductions des illustrations, mot de l’éditrice et feuilles BAT de l’imprimeur. J’ai également peint les deux personnages sur des grandes planches en bois.
J’ai également reçu des demandes d’ateliers à mener dans des écoles notamment. Cet aspect, un peu surprenant pour moi, m’a amené à un travail encore différent. J’ai mis en place deux ateliers : un lié aux expressions imagées et un autre tourné plus vers un travail plastique sur le thème de jardin secret et émotions.
Au fil du temps, les rencontres faites m’ont permis un petit aperçu de la vie de mon livre et des personnes qu’il touche. Et j’espère qu’il donnera encore envie d’imaginer et raconter des belles salades !